Victoire pour la filière coiffure, fin du quota du nombre d'apprentis encadrés

Attendu depuis 2004 par les syndicats professionnels, l’arrêté du 10 mars 1992 limitant le nombre d’apprentis au sein d’une même entreprise a été abrogé. Une avancée inespérée pour le secteur de la coiffure, 2ème employeur d’apprentis de France, qui voit ses effectifs partir à la baisse.

L’arrêté du 10 mars 1992 limitant le nombre d’apprentis est abrogé

Depuis près de 30 ans, l’arrêté du 10 mars 1992 régissait le nombre d’apprentis dans une même entreprise. Dans le cadre spécifique de la coiffure, un salon qui employait jusqu’à 3 coiffeurs qualifiés ne pouvait accueillir, au maximum, qu’un apprenti.

Dorénavant, les salons de coiffure peuvent accueillir simultanément, et au sein d’un même établissement, 2 apprentis par maître d’apprentissage. Il est également possible d’avoir un apprenti supplémentaire si ce dernier est redoublant.

Concrètement, avec l’ancien arrêté, un salon qui employait 2 coiffeurs pouvait superviser uniquement un apprenti. Or, aujourd’hui, un salon qui emploie 2 coiffeurs peut superviser 4 apprentis soit 2 apprentis par maître d’apprentissage. Voire un apprenti supplémentaire si celui-ci est redoublant.

Il est toutefois possible de déroger à ce plafond après accord de la CDEI (Commission Départementale de l’Emploi et de l’Insertion) sous certaines conditions.

Demandée par l’UNEC (Union Nationale des Entreprises de Coiffure) depuis 2004, l’abrogation de cet arrêté a enfin eu lieu en août 2021. Christophe Doré, président de l’UNEC, l’affirme, « c’est une belle victoire pour l’avenir de la profession ».

Une bonne nouvelle pour la filière mais aussi pour les écoles de coiffure. « Comme il faut 5 ans pour former un(e) coiffeur/se, cet arrêté va permettre de mieux former des jeunes puisque l’acquisition de compétences professionnelles est plus rapide avec l’apprentissage », souligne l’école de coiffure Silvya Terrade, également CFA (Centre de Formation des Apprentis).

La coiffure est en effet le 2ème secteur de l’artisanat, après la boulangerie, à former des apprentis en CFA avec près de 18 000 apprentis formés entre 2019 et 2020. Tous contrats d’alternance confondus, les étudiants représentent tout de même 17% de l’emploi salarié du secteur en 2020.

La fin du quota du nombre d’apprentis devrait donner un nouvel élan à la filière qui met également en place de meilleures conditions de travail pour les apprentis depuis déjà plusieurs années.

De meilleures conditions pour les apprentis comme pour les employeurs

L’abrogation de la réforme de 1992 suit la modification des conditions régissant les contrats d’apprentissage mise en place en 2019.

Il est, en effet, apparu 8 nouvelles conditions favorisant l’apprentissage du côté de l’apprenti mais également du côté de l’employeur.

  • L’âge maximal d’un apprenti est passé de 25 à 29 ans
  • La durée minimale du contrat d’apprentissage a été abaissée à 6 mois contre 1 an auparavant
  • Une aide unique aux entreprises de moins de 250 salariés recrutant des apprentis a été créée
  • Une visite d’information et de prévention par un médecin du travail a été instaurée
  • Les rémunérations des apprentis ont progressé
  • Les entreprises peuvent dorénavant bénéficier d’une exonération des charges salariales sur la rémunération des apprentis
  • Les entreprises peuvent aussi bénéficier d’une exonération des charges patronales sur la rémunération des apprentis
  • De nouvelles modalités de rupture des contrats d’apprentissage sont entrées en vigueur aussi bien pour l’apprenti que pour l’employeur

Ces nouvelles conditions s’additionnent donc à la nouvelle réforme concernant le nombre d’apprentis maximum autorisé par maître d’apprentissage et aux nouvelles aides à la formation instaurées par l’État. Un réel atout pour les salons en quête de salariés qualifiés.

Un nouvel élan pour la filière coiffure en manque de bras

L’arrêté de 1992 et la réduction des aides à la formation avaient fait flancher le nombre d’apprentis en coiffure. L’abrogation de cette réforme et les nouvelles aides de l’État tendent à favoriser l’emploi dans ce secteur en tension.

Selon une enquête menée par Pôle Emploi sur les besoins de main-d'œuvre pour l’année 2021, 62% des professionnels du secteur seraient en manque de personnel.

Avec la crise sanitaire, les confinements et les couvre-feux ont aggravé la situation. Les coiffeurs ont notamment pu profiter de leur famille alors qu’auparavant leurs horaires les empêchaient d’être présents le week-end par exemple. C’est ainsi que bon nombre de coiffeurs se sont reconvertis ou se sont lancés à leur compte comme coiffeur à domicile ce qui a favorisé ce manque d’effectifs.

Les nouvelles conditions de travail, les nouvelles mesures d’aides financières à la formation ainsi que la réapparition d’événements familiaux devraient pouvoir redonner des couleurs à ce secteur essentiel d’un point de vue social et de bien-être.