L'apprentissage social est-il vraiment plus efficace ?
Depuis maintenant quelques années, le terme "social learning" est parvenu à s'imposer dans le langage de la formation professionnelle. Et cela n'a rien d'une coïncidence ! À la différence des pédagogies traditionnelles qui se caractérisent par un modèle de transmission descendante dans lequel les apprenants reçoivent de manière passive la connaissance, il est axé sur un partage de connaissances transversal. Autrement dit, le social learning est un mode d'apprentissage participatif qui permet le développement des connaissances, comportements et compétences par la connexion aux autres, d'où le terme « social ». Compte tenu de ses spécificités, est-il vraiment plus efficace que le mode d'apprentissage traditionnel ? Quelles sont ses limites ? En quoi est-ce un modèle adapté aux entreprises ?
Le principe du social learning
Alors que l'enseignement conventionnel privilégie les cours magistraux, schématisés par un mouvement à sens unique (transmission du professeur aux élèves), le social learning, littéralement "apprentissage social", est plutôt une méthode d'apprentissage transversale. Plus précisément, il est centré sur les interactions entre les différents participants, c'est pourquoi il est considéré comme un apprentissage collaboratif ou entre pairs.
Dans ce schéma, chacun des membres du groupe s'affranchit du statut « passif » des élèves traditionnels et devient à la fois formateur et apprenant, c'est-à-dire qu'il devient l'un des acteurs de sa formation. Les interactions entre les protagonistes permettent ainsi l'obtention rapide d'éclaircissements et d'explications. L'apprentissage devient aussi motivant qu'intéressant, et il en est presque divertissant.
Soulignons en outre que le concept du social learning a vu le jour dans les années 1960 – 1970 grâce à un chercheur canadien émérite en psychologie sociale, Albert Bandura. Selon ce dernier, l'apprentissage participatif est basé sur l'observation des comportements de ses pairs ainsi que de la prise en considération de leurs impacts. L'apprenant les imite ensuite de manière réfléchie. Cependant, il ne s'agit pas d'un simple « copier-coller » insiste-t-il, mais plutôt d'un mode d'apprentissage qui pousse les apprenants à actionner le levier de l'observation pour parvenir à développer leurs propres modalités comportementales et se créer de nouvelles compétences.
Plus précisément, on s'inspire des autres pour progresser. Albert Bandura est bien sûr conscient du fait qu'en prenant pour exemple un individu avec qui on se sent en confiance et qui est proche de soi, on peut apprendre mieux et plus efficacement. Il faut donc que dans le cadre du social learning, tous les apprenants puissent s'apporter des connaissances, et s'enrichir mutuellement à partir de leurs savoir-faire et expériences.
En bref, l'apprentissage entre pairs repose sur 4 grands piliers. Ceux-ci sont l'attention, la rétention, la reproduction et la motivation, et pour ceux qui désirent en savoir plus sur l'apprentissage social et ses bénéfices, ne pas hésiter à se rapprocher d'un expert en social et digital learning.
Le social learning est-il plus efficace que le système d'apprentissage traditionnel ?
Le cône de l'apprentissage (cone of learning) issu des recherches effectuées par Edgar Dale, pédagogue américain des années 1940, démontre en quoi le social learning est plus efficient que l'apprentissage conventionnel. Selon lui, les apprenants retiennent 90 % de l'information qu'ils partagent ou enseignent et 70 % de ce qu'ils disent, contre 10 % de ce qu'ils lisent, 20 % de ce qu'ils entendent et 30 % de ce qu'ils voient. On peut ajouter à cela les propos du docteur en neurosciences Isabelle Simonetto selon lesquels « notre cerveau donne du sens au courant électrique produit par les paroles que nous entendons en procédant par associations d'idées et en reliant l'inconnu au connu » et « l'être humain perfectionne son décodeur grâce aux liens établis avec autrui ».
En social learning, les participants contribuent à l'avancement de l'apprentissage
Hormis les points de vue de ces spécialistes, il existe d'autres arguments solides en faveur de l'apprentissage social. Il est en effet constaté que grâce au social learning, chaque participant est automatiquement impliqué dans la construction de l'apprentissage. Or, dans le cadre d'un enseignement classique, on est confronté à un paradigme selon lequel l'enseignant est la seule et unique source de connaissances et que l'on est contraint de se plier à ses règles. Dans ce schéma unilatéral et transmissif, chaque élève est dit « passif », c'est-à-dire qu'il n'a pas d'autre choix que de se taire (la majorité du temps) et d'écouter son professeur, ce qui peut faciliter grandement l'ennui et la distraction.
Le social learning crée un sentiment d'appartenance à un groupe
Un autre atout majeur de l'apprentissage participatif est qu'il incite les participants à mieux travailler ensemble, un point non négligeable autour duquel se crée facilement l'échange et le partage d'informations. La synergie qui se crée alors au sein du groupe rend interdépendantes et complémentaires les actions de chaque membre. L'appartenance à une communauté étant en l'occurrence valorisée, chaque apprenant voit son engagement et son implication renforcés. Il est alors difficile pour lui de « jeter l'éponge » en cours de route du fait qu'il sait parfaitement que les autres "comptent sur lui", et qu'il a aussi besoin d'eux pour progresser et se surpasser.
En d'autres termes, en évoluant au sein d'un groupe dont chaque membre est acteur de sa formation, on devient plus motivé puisque l'on peut à la fois apprendre tout en y prenant du plaisir, ce qui n'est malheureusement pas le cas avec le système scolaire traditionnel. À l'école, les élèves ne prennent souvent aucun plaisir à apprendre et cessent toute forme d'apprentissage à la fin de chaque cours. Qui plus est, une pédagogie de la transmission ne repose sur aucune démarche d'association, puisque l'enseignant n'encourage pas la coopération et la collaboration. Chaque élève ne pourra pas se nourrir en échangeant avec les autres puisqu'il ne dépend que de son professeur.
Le social learning encourage l'entraide
Lors d'un cours magistral, les élèves qui ne sont pas attentifs n'apprennent rien puisqu'ils ont du mal à s'adapter au rythme. Et l'enseignant ne va certainement pas s'en rendre compte puisque durant les heures de cours, il se contente de parler et de transmettre de manière unilatérale les connaissances. Les élèves étant quasiment inactifs, il est difficile pour lui d'observer leurs lacunes et d'y remédier en conséquence. Or, le social learning mise sur le système d'entraide entre les participants « avancés » et ceux qui sont débutants et/ou qui ont du mal à suivre l'apprentissage.
Cela permet une valorisation des compétences et expériences des uns, et la participation de tous. Et même si l'on est moins avancé que les autres, grâce à leur soutien et leur contribution, on peut progresser à son rythme, et ce dans les meilleures conditions.
Le social learning peut agir en synergie avec le digital learning
Si le social learning est bien plus intéressant et motivant que l'enseignement classique, il l'est d'autant plus lorsqu'on l'associe au digital learning ou e-learning.
Et pour cause, les technologies digitales apportent de réelles valeurs ajoutées à l'apprentissage social. Prenons l'exemple du LMS (Learning Management System). Une telle plateforme permet l'optimisation de la gestion des ressources pédagogiques utilisées dans le cadre de l'apprentissage social ainsi qu'un meilleur suivi de chacun des apprenants. Elle met de surcroît à disposition des formateurs des rapports aussi détaillés que personnalisés.
Ces informations leur permettent ensuite d'enrichir davantage leur formation et de les adapter au mieux en fonction du niveau des apprenants. Hormis le LMS, on compte également d'autres outils participatifs intéressants qui visent à fédérer les utilisateurs, comme c'est le cas des applications collaboratives (Slack, Klaxoon…), les outils de partage de document (Dropbox, Google Drive, OneDrive…), les applications de visioconférence (FaceTime, Google Hangouts…), les outils de gestion de projet en ligne (Trello…), etc.
Grâce à l'e-learning, les formateurs peuvent motiver chaque apprenant à s'engager au maximum dans les formations, quel que soit leur profil. Ils peuvent favoriser la rétention d'informations en misant sur l'alternance des formats et supports pédagogiques utilisés : e-books, vidéos, diaporamas, livrets pédagogiques, applications éducatives, podcasts, visioconférence, webinaires, MOOC, forums/tchat…
Le digital facilite grandement la participation de l'ensemble des apprenants. Au sein d'un groupe en effet, il y a toujours des individus qui sont beaucoup plus à l'aise en distanciel que quand ils sont confrontés au regard des autres lors d'un cours en présentiel basique. De plus, il permet aux formateurs de « gamifier » les cours, c'est-à-dire d'y insuffler un aspect ludique pour ainsi améliorer davantage l'implication des apprenants, mais également de favoriser les échanges, l'entraide et la coopération autour de challenges inter-équipes ou de défis à relever. C'est ce que l'on appelle en l'occurrence la gamification.
En combinant digital learning et social learning, on se libère également des contraintes de temps et d'espace. Chaque membre du groupe peut interagir où et quand il le souhaite avec les autres, et ce depuis son ordinateur, son smartphone ou sa tablette.
Les limites du social learning
Il existe toutefois des limites à l'apprentissage social. Du fait de sa nature informelle et parce qu'il privilégie les interactions et échanges, il peut s'avérer difficile, voire impossible à structurer. En structurant les formations collaboratives justement, les formateurs prennent le risque de les dénaturer, et de les priver de leur côté engageant auprès des apprenants. Cela peut parfois rendre difficile l'évaluation précise de la qualité d'une formation.
Pourquoi intégrer l'apprentissage social dans la stratégie de formation en entreprise ?
Si le social learning fait de plus en plus fureur auprès des entreprises, c'est notamment grâce au fameux modèle « 70.20.10 ». Ce modèle est le fruit d'une étude menée au milieu des années 90 par le Center Creative Leadership de l'Université américaine de Princeton sur les systèmes d'apprentissage en entreprise. D'après cette étude :
- 70 % de nos apprentissages sont issus de nos expériences et activités professionnelles
- 20 % par le biais de nos interactions sociales, c'est-à-dire des informations informelles avec nos collègues et autres interlocuteurs professionnels
- 10 % proviennent des formations formelles
Compte tenu de ce modèle 70.20.10, 90 % des connaissances s'acquièrent donc de manière informelle. Un solide argument qui séduit les entreprises d'aujourd'hui, ces dernières souhaitant encourager leur personnel à collaborer et à valoriser le partage d'expériences dans une optique de construction collaborative de compétences, pratiques et savoirs. Autrement dit, beaucoup d'entre elles misent sur le social learning pour capitaliser le savoir des collaborateurs.
Le social learning booste l'engagement et la motivation
Basé sur le partage et les interactions entre les différents acteurs du groupe, apprenants et formateurs, l'apprentissage collaboratif permet aux protagonistes d'apprendre et d'enrichir leur panel de compétences en tirant profit de l'expérience des autres. L'engagement et la motivation se décuplent considérablement puisque chacun est libre de poser les questions qu'il souhaite, d'obtenir rapidement les réponses à celles-ci et de réagir au sein d'un débat.
Tout au long de la formation, chaque participant peut se sentir valorisé et prendre du plaisir à partager son savoir, son expérience et ses compétences avec ses collègues. Plus il y aura d'interactions, plus les collaborateurs seront motivés et plus il y aura de chances que la formation porte ses fruits et apporte une réelle valeur ajoutée à l'entreprise.
Le social learning favorise le travail d'équipe
Dans la mesure où le social learning accroit l'engagement de tous les membres du groupe et leur permet de contribuer au développement de l'entreprise, cette méthode pédagogique peut bel et bien renforcer les liens entre les collaborateurs. Les interactions se trouvant au cœur de l'apprentissage, et les savoirs de chaque participant étant valorisés, l'apprentissage social améliore considérablement la communication entre les salariés et engendre de facto une cohésion particulièrement forte dans la société.
Le social learning permet de faire des économies substantielles
En mutualisant les savoirs dans l'entreprise, et bien sûr en tirant le meilleur parti de leur capital humain, les dirigeants n'ont plus à dépenser des sommes astronomiques pour faire intervenir une équipe de formateurs extérieurs. Qui plus est, la mise en place d'une telle méthode pédagogique n'est pas gourmande en ressources et n'oblige pas l'entreprise à investir dans de nouveaux matériels et équipements à chaque formation.
Le social learning offre un ROI particulièrement conséquent
Il a été démontré que les formations sociales, lorsque les entreprises savent bien les exploiter, seraient synonymes d'un retour sur investissement environ 75 fois supérieur à celui des formations formelles. Soit un ROI largement exponentiel qui explique cet engouement.